Consigne pour recyclage : le point de non-retour ?


Eco-contributions

Tout juste 4 ans après l’annonce de Brune Poirson, au cours des Assises des déchets 2019, de la mise en place d’une consigne pour le recyclage des bouteilles en plastique qui a fait couler tant d’encre et provoquer tant de stress, Christophe Béchu au cours de ces mêmes assises, cet automne 2023, vient de déclarer l’abandon du projet.

L’absence de consensus au sein même des acteurs du recyclage et le résultat des études menées par l’Ademe sur l’impact écologique qu’une telle mesure aurait à l’échelle nationale, ont fini par convaincre les pouvoirs publics de renoncer à son implantation pour le 1er janvier prochain.

En revanche, la consigne sur le réemploi/réutilisation du verre reste un objectif et continue d’être étudiée. Son utilité est reconnue dans la mesure où elle s’appliquerait de façon locale pour éviter un bilan carbone élevé à cause du transport. Une mesure que Bérangère Couillard, Secrétaire d’Etat, avait annoncé au printemps dernier avant d’être aussitôt limogée…

Je salue, à titre personnel, cette annonce qui va dans le sens du dispositif national de recyclage déployé aux frais des consommateurs et citoyens depuis 30 ans avec la filière « REP » des emballages ménagers et le bac de tri jaune. Ce dispositif, certes, exige d’importantes améliorations pour atteindre les objectifs de taux de collecte fixés par l’Europe et, à ce titre, les recommandations de l’Ademe doivent être mises en œuvre. Notamment le déploiement de la collecte sélective dans les corbeilles de rue pour les emballages issus de la restauration nomade. Les collectivités qui jouent un rôle essentiel en la matière ont du pain sur la planche et doivent être efficacement soutenues financièrement pour mener à bien cette tâche.

En France, la question des déchets est de plus en plus au cœur des politiques publiques et strictement réglementée, mais dans le même temps, leur gestion repose de plus en plus sur les collectivités et les acteurs privés : il s’agit là d’un modèle hors du commun… qui devra faire ses preuves pour atteindre les objectifs de collecte et recyclage fixés par l’Europe et desquels nous sommes encore loin.

Avant tout l’enjeu n’est-il pas davantage entre les mains des citoyens que dans celles des collectivités locales ? Il serait peut-être temps d’étudier le moyen de responsabiliser les citoyens que nous sommes afin qu’ils respectent les bonnes pratiques et les bons gestes, indispensables à la protection de l’espace public comme de l’environnement.

Je retiens de ces Assises que les citoyens ont besoin de simplicité, de lisibilité et de bon sens pour adhérer à un système qui est à notre disposition depuis pourtant 30 ans, mais tellement technique que nous en perdons totalement le sens.

© Christèle Chancrin - Expert Eco-contibutions & Réduction déchets