Pourquoi un malus pour le PET opaque ?


Eco-contributions

Certes le PET opaque perturbe la qualité du recyclage au-delà de 15% en volume des bouteilles en PET triés. Certes, les industriels doivent intégrer la question de la fin de vie des produits et des emballages dès leur conception.

Mais on reste surpris de l’intervention directe et soudaine de la ministre de l’environnement sur ce sujet – Arrêté du 13 avril 2017 portant modification du cahier des charges des éco-organismes de la filière des déchets d’emballages ménagers JORF n°0095 du 22 avril 2017 instaurant la mise en place d’un malus de 100% de contribution – pour cet emballage perturbateur, perturbation somme toute, à date, encore assez anecdotique même si en progression (gisement 10 K tonnes / an versus 450 K T de bouteilles et flacons mis sur le marché/an soit 2% de ces contenants et moins de 1% des emballages mis sur le marché)*.

Car d’aucuns ne s’interrogent sur la non recyclabilité depuis la mise en place de la REP emballages et des consignes de tri sur notre territoire, en 1992, des pots de yaourts et autres barquettes en plastique. Pourtant, en 2012, quand Danone a revu intégralement sa gamme d’emballage de yaourts avec le pot « kiss », la question de sa non-recyclabilité n’a pas été posée et le problème a perduré sans que le ministère ne s’en mêle. Et on ne parle pas des nombreux emballages multicouches intégrant plusieurs matériaux (plastique + papier + aluminium) qui de par leur composition s’avèrent extrêmement complexes à recycler, voire impossible. Bien sûr pour ces derniers on ne parle pas d’emballages présents dans les consignes de tri, contrairement aux bouteilles.

Mais il aurait fallu rappeler que la contribution, acquittée par les industriels pour les emballages qu’ils mettent sur le marché et répercutée sur les consommateurs finaux, est destinée à développer le tri et le recyclage sur le territoire. Ainsi, même si l’extension des consignes de tri, à l’horizon 2022, à tous les emballages en plastique devrait remédier au problème (cf. Loi Transition énergétique 08/2015), il aura donc fallu attendre tout juste 30 ans de « pollution au pot de yaourt » pour voir évoluer le recyclage sans que les associations de consommateurs ou environnementales ou encore les ministres de l’environnement en poste ne s’en mêlent.

Curieux.

Christèle Chancrin, Expert Eco-contributions & Réduction déchets

*Source : Emballages Magazine, mars 2017