Traitement des déchets : Valobat, comme la plupart des éco-organismes, accuse le coût


Eco-contributions

Depuis le 26 juin dernier l’éco-organisme Valobat suspend les reprises de déchets sur les chantiers de déconstruction pour une durée minimum de deux mois. Il maintient l’activité des points de reprises existants mais limite le déploiement de nouveaux.

Ses nouvelles conditions de reprises des déchets de chantiers interviennent en plein moratoire de la filière lancé par la ministre de de la Transition écologique, Agnes Pannier-Runacher. Suite aux nombreuses plaintes exprimées par les acteurs du bâtiment — hausses des contributions entraînant la hausse des tarifs des produits, dysfonctionnement des systèmes de reprises des déchets et pénurie de bennes — une concertation a été initiée pour remettre à plat le cahier des charges de la filière, suspendant les mesures qui devaient entrer en vigueur courant 2025.

Valobat fait état d’une progression de la collecte des déchets du bâtiment supérieure de presque 50 % à ses prévisions. L’éco-organisme n’avait pas, de toute évidence, anticipé le nombre d’adhésions qu’il remporterait ! Un succès qui lui vaut, cependant, la saturation de certaines filières de recyclage à laquelle s’ajoutent les erreurs de tri, compliquant la logistique et entraînant des surcoûts qu’il n’avait apparemment pas prévus. En outre, le projet de refondation de la REP PMCB a sans doute rendu l’éco-organisme plus frileux dans la gestion de ses services.

Mais déjà, six jours après l’annonce du moratoire, la Fédération française du bâtiment (FFB) dénonçait dans un communiqué de presse la hausse des contributions dans le nouveau barème publié par Valobat qu’elle accusait d’officialiser des dispositions soumises au moratoire avant même qu’elles ne soient discutées par les professionnels de la filière. Et de questionner : Comment demander aux entreprises et artisans de payer plus pour des services en moins sans avoir réglé les problèmes de fond de ce dispositif ? Définition du producteur, visibilité sur les barèmes, transparence sur les affectations des dépenses, simplification drastique de l’accès à la reprise sans frais, simplification du tri, reprise effective des déchets sur chantiers et en entrepôts…

Les nouvelles dispositions de Valobat, à peine 2 mois après la publication de son nouveau barème, ne sont pas de nature à apaiser la colère des professionnels et augurent d’âpres discussions d’ici la parution du nouveau cahier des charges prévu pour septembre 2025.

Cependant, au-delà du cas spécifique de cette filière qui démarre et nécessite des ajustements, le coût du traitement des déchets sous système REP, censé initialement s’autofinancer grâce au recyclage, ne cesse en réalité d’augmenter. Le coût du recyclage est élevé et la consommation croissante augmente les volumes de déchets, donc les volumes de collecte, de tri… et de recyclage. Dans l’univers de la circularité, le serpent se mord la queue.

Cinq ans après l’adoption de la loi Agec, il reste de nombreux chantiers à mettre en œuvre. Mais reste encore à définir lesquels. Suite au rapport d’information de Marta de Cidrac et Jacques Fernique relatif à l’application de cette loi, la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable a fait huit propositions. La huitième étant : Lutter contre la surconsommation en régulant les pratiques commerciales agressives et en envisageant une modulation de l’écocontribution selon l’intensité publicitaire des produits, voire à terme, une écocontribution financée directement par les publicitaires.

La politique des dépenses exponentielles pour le traitement des déchets a de beaux jours devant elle… Something is rotten in the state of Waste.

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